L’heure exquise

 

 

                                    À Jacqueline Trépanier,

                                    amicalement.

 

 

La terre a recueilli tant de lumière blonde,

Elle a pris au soleil tant de claire beauté,

Que le jour disparu laisse encor sur le monde,

                Une vague clarté.

 

On croirait voir flotter une immense voilette,

Que le jour en partant aurait laissé tomber.

Mais le soir qui descend dans l’ombre violette,

                Va sans bruit l’enlever.

 

Et c’est l’heure que j’aime, heure enivrante, exquise,

Où je voudrais avoir l’âme qu’ont les grands bois ;

Surprendre les secrets que leur chante la brise,

                Et comprendre sa voix.

 

Oui j’aimerais alors avoir l’âme des choses,

Entendre les mots doux que se disent les fleurs,

Savoir pour qui tout bas frémit le cœur des roses,

                Pour qui tombent leurs pleurs.

 

Tous ces désirs sont vains : délicieux dictame,

Ils servent cependant à me bercer le cœur,

Mais, il faut pour combler l’abîme de mon âme,

                Ton infini, Seigneur !...

 

 

                                                St-Michel, 1925.

 

 

Alice LEMIEUX,

Heures effeuillées,

1926.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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