Midi
À Mère Saint François
de Paule, Ursuline.
Midi... La vie en fleur est pleine de tendresse,
La bergère qui rit en se mirant dans l’eau,
Froisse de ses pieds nus la moire du ruisseau,
Prêtant au paysage un peu de sa jeunesse.
Et le soleil rieur, taquine la bergère,
Il poudre de rayons ses blonds cheveux frisés,
Si bien qu’on ne sait plus tant sont blonds ces baisers,
Où naît la chevelure, où finit la lumière.
Rien ne bouge, tout rêve, et le silence écoute
Le bruit que fait soudain une rose en s’ouvrant ;
Et le songe de l’heure, et le doux glissement
D’un nuage qui met de l’ombre sur la route.
Soudain l’angelus sonne au clocher du village ;
Déchirant le silence avec des sons joyeux,
Les notes par milliers vont entr’ouvrir les yeux,
Des oiseaux et des fleurs, dormant au paysage.
Et l’on dirait qu’alors, sur toute la prairie,
Et la joie et la vie ouvrent leurs ailes d’or,
Allant porter là-haut, dans un puissant essor,
L’hymne de la nature à la Vierge-Marie !...
Alice LEMIEUX,
Heures effeuillées,
1926.