Le temps d’aimer
Il est temps d’aimer cette âme de terre
Ce visage rond. Ô femme il est temps
De jeter la lune au fond de la mer
Pour prendre les poissons à la lumière
De cet astre froid que le feu défend.
Le jour pousse le soleil sur les pins
À midi les fleurs, les insectes flambent
Cet homme tout neuf, tout nu, me ressemble
Ce ventre, ce front, ces yeux sont les miens
L’âme bat comme un balancier d’horloge
Le cœur, on dirait qu’il attend quelqu’un
Et les oiseaux, les arbres qui s’approchent
Cet homme à sauver les reconnaît bien.
Ô femme, il est temps de croire à l’amour
Le chardonneret choisit la mésange
Et l’alouette rechante, relance
Le soleil sur le pays d’alentour
Ô femme, ces mains, ces yeux qui vous cherchent
Cette voix venue de je ne sais où
Peuvent tout l’amour sans le sacrilège
Le soleil éteint, la pluie nous protège
Et je veux vivre le Verbe avec vous.
Dans les cris de l’aube et du crépuscule
Où tant d’oiseaux, d’insectes sont blottis
La mer mange le soleil et la lune
Révulse le jour, renverse la nuit
Ô femme, il est temps d’aimer ce visage
De croire à ce corps, à cette âme qui
Mesure l’amour et le multiplie
Et manque le monde où Dieu se déplace.
Charles LE QUINTREC,
Les Noces de la Terre, Grasset.