L’ange
Un ange volait dans un ciel de minuit.
Il chantait à mi-voix.
La lune et les étoiles et les nuages en foule
Écoutaient son chant sacré.
Il chantait la béatitude des esprits immaculés
Sous le toit des jardins paradisiaques.
Il chantait le grand Dieu
Et sans feinte était sa louange.
Il portait dans ses bras une jeune âme
Vers ce monde de tristesse et de larmes.
Et le son de son chant est resté sans paroles,
Mais vivant dans cette très jeune âme.
Longtemps elle a ici-bas langui,
Pleine du désir d’un prodige.
Les chants fades de la terre
N’ont point su remplacer les sons célestes.
Michel LERMONTOV.
Recueilli dans Anthologie de la poésie russe
du XVIIIe siècle à nos jours, par Jacques Robert
et Emmanuel Rais, Bordas, 1947.