Chanson
La cloche se plaint
Et la vierge pleure,
Les larmes coulent sur ses joues.
Par la force,
Oui la force,
On la retient loin du monde enfermée,
Là où la vie est sans espoirs, la nuit sans rêves ;
Ainsi va mon cœur
En mon sein troublé,
Il va battant, battant, battant.
Le destin,
Le destin
A voulu que de lui j’arrache mon amour,
Et que j’oublie la bien-aimée, quoi qu’il advienne.
Mort, éternité,
Existence ou perte,
Pour elle et pour mon cœur qu’importe !
En mon cœur
Comme en elle
Il n’est qu’une douleur, il n’est qu’une espérance :
Lui va vers le bonheur, elle vers la lumière.
Mikhaïl Yourievitch LERMONTOV, vers 1840.
Recueilli dans Anthologie de la poésie russe,
choix, traduction et commentaires de Jacques David,
Stock, 1947.