Romance

 

 

Landes, genêts, verte ramure

Où l’oiseau chante, où l’air gémit ;

Bois profonds remplis de murmure,

Temples sacrés où Dieu bénit !

Champs de blé noir, riche campagne,

Aires où l’on danse le soir !

Rien n’est plus beau que ma Bretagne ;

Toujours on aime à la revoir !

 

Mer qui souvent bercez mes rêves

Quand je m’endors auprès de vous,

Parfums des flots, sables des grèves,

Bruits d’Océan tristes et doux ;

Pâtres menant de la montagne

Leurs blancs agneaux vers le lavoir ;

Rien n’est plus beau que ma Bretagne,

Toujours on aime à la revoir !

 

Frais vallons où l’écho répète

L’Hollaïka rêveur et gai ;

Halliers où vont aux jours de fête

Les blonds enfants cueillir le mai ;

Gwerzs plus guerriers que ceux d’Espagne

Chantés jadis au vieux manoir ;

Rien n’est plus beau que ma Bretagne,

Toujours on aime à la revoir.

 

Foi des vieux jours, culte des pères,

Croix des chemins et des tombeaux ;

Rires d’enfants, songes des mères,

Sônes anciens toujours nouveaux ;

Fidélité que rien ne gagne,

Amour du juste et du devoir ;

Rien n’est plus beau que ma Bretagne,

Toujours on aime à la revoir !

 

Terre des moines et des bardes,

Reste toujours digne de toi ;

Garde tes chants et tes bombardes,

Mère, surtout garde ta foi !

Que ton Dieu partout t’accompagne,

Pour que je puisse au dernier soir

Dire en mourant : Adieu, Bretagne,

Au ciel j’espère te revoir !

 

 

 

Abbé LEROUX.

 

Paru dans L’Année des poètes en 1897.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

www.biblisem.net