L’église du pays

 

 

L’église de chez moi vieillit sous deux tilleuls

Aimés des moineaux francs, et, depuis Louis douze,

Elle en a vu passer sous l’habit, sous la blouse,

Riant, chantant, pleurant, des enfants, des aïeuls !

 

Entrons et signons-nous : les vieux saints sont bien seuls ;

La lampe à l’autel donne une lueur jalouse ;

La sainte Vierge a l’air d’une nouvelle épouse

Sur son socle fleuri de lis et de glaïeuls.

 

Près du seuil, une tombe en la table de pierre

Où l’on pose les morts, plus loin le cimetière ;

Puis voici le clocher plein d’oiseaux, plein de cris,

 

Pareil, sous la croix d’or où le coq se pavane,

Au berger qui médite auprès de sa cabane,

Un ver luisant piqué sur son grand feutre gris.

 

 

 

Jean LE SAGE.

 

Paru dans L’Année des poètes en 1893.

 

 

 

 

 

 

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