Éloge de la France
Je voudrais en ce jour rendre hommage à la France ;
Lui dire, avec mes vœux, mes chants, mon espérance.
Je voudrais peindre ici sa gloire et sa grandeur ;
Dire ce que je sens au plus profond du cœur.
Je voudrais dire aussi ses trésors, sa richesse ;
Lui conter mon amour, lui répéter sans cesse ;
Mais mon cœur trop ému ne sait que l’admirer !...
Pour un pareil sujet, Muse, viens m’inspirer !
Divine Poésie, épure mon langage.
Prête-moi tes accents et rends-moi le courage !...
Oui, oui, j’aime la France à qui je dois le jour,
Qui m’a servi de mère ; oui, c’est tout mon amour !
Aucune nation n’est plus qu’elle puissante ;
Plus capable d’aimer, plus belle et plus vivante !
J’aime ses moissons d’or, ses verdoyants coteaux,
Ses fleuves imposants, ses monts et ses troupeaux.
J’aime aussi ses forêts, son sol riche et fécond,
Son pays enchanteur à nul autre second ;
Sa terre qui produit et son peuple qui pense,
Qui veut la liberté, qui veut l’indépendance !
Voyez-vous ce guerrier, respirant la valeur ?
C’est Vercingétorix ; sa devise est : « Honneur ! »
Admirez Jeanne d’Arc, électrisant la foule,
Qui terrasse l’Anglais et chez lui le refoule.
Et ces hommes encor : Duguesclin et Bayard,
Et ce Vincent de Paul, héros pris au hasard.
Que dire de Boileau, de Racine et Voltaire ?
Qui saura me montrer sur toute notre terre
Un pays plus riant, digne d’un plus haut prix,
Plus beau par la nature et plus grand par l’esprit ?
Aimons-le donc, Français, comme on aime sa mère,
Et rendons-le puissant aussi bien que prospère.
Cherchons à lui donner le rang qu’il a perdu,
Et le coin qu’on lui vole un jour sera rendu...
Oui, j’en fais le serment, si la horde ennemie,
Dans son orgueil, foulait le sol de la patrie,
Là-bas, à la frontière, on me verrait courir,
Pour défendre la France, où je saurais mourir !
Et si, par un malheur, le sort était contraire,
L’enfant voudrait venger son pays et son père !
Ernest LE SÈVE.
Paru dans L’Année des poètes en 1896.