À mon enfant

 

 

Mon bel enfant, te voilà blanc et rose,

Né dans ce monde et couché sur mon sein,

Fleur d’aujourd’hui, toute fraîche et mi-close,

Mise par Dieu sur le large chemin.

Tes yeux chéris, innocents de lumière,

N’ont pas encor dans les miens pu jaillir :

À Dieu déjà j’adresse une prière :

Pour voir tes yeux, je demande à vieillir.

 

Toi, mon Jésus, si mignon et si frêle

Qu’avec le souffle on n’ose te toucher,

Un faible oiseau du frôle de son aile,

Comme un épi peut te faire pencher.

Qu’une caresse ou te presse ou t’affleure,

Ton front rosé semble aussitôt pâlir.

Je te regarde, et puis mon âme pleure :

Pour t’embrasser, je demande à vieillir.

 

Si tu savais combien je compte l’heure !

Car pour toi l’heure est tout un jour pour nous :

Déjà dans toi je me berce et me leurre,

En t’appelant de ton nom à genoux !

De tous les noms que je voudrais t’apprendre,

Il en est un qui me fait tressaillir :

Celui de mère, oh ! oui, oui ! pour l’entendre,

Pour l’écouter, je demande à vieillir.

 

 

 

Hermance LESGUILLON.

 

 

 

 

 

 

 

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