Les deux cercueils
Deux cercueils à la fois : un vieillard, un enfant !
Un front las de savoir, un cœur frais d’innocence !
Un regard plein d’azur qui s’ouvra triomphant !
Un œil appesanti du poids de l’existence !
Use vieillard ! un enfant ! ensemble rappelés !
L’un qui savait les jours et partait sans envie,
L’autre essayant sa voix, par des mots épelés ;
L’un fuyant l’air pressé ! l’autre aspirant la vie !
Un enfant ! un vieillard ! deux cercueils enfermant
L’un, un corps frais, veiné, doux, pur, tendre et fragile,
Colombe née hier, dans sa beauté dormant ;
L’autre cachant un corps usé, flétri, débile !
Oh ! douloureux tableau qu’apportent ces deux morts !
L’un continue à vivre et gagne le rivage,
Après de durs combats et de tristes efforts ;
L’autre, à peine venu, s’en va, sans compter d’âge.
Ce contraste, Seigneur, n’est-il pas effrayant ?
De ton juste pouvoir où retrouver la preuve ?
Pour le cœur qui chancelle et pour le cœur croyant,
Cette mort inégale est une lourde épreuve !
Comment garder la foi si tu prends le bonheur ?
Comment former des vœux si tu sèmes les doutes ?
Comment oser marcher si tu prends, ô Seigneur !
Les petits enfants sur les routes ?
Hermance LESGUILLON.