Amour vrai

 

 

Que ton repos est calme, et que ton front est pur,

Ô mon amie, à l’heure sainte où la nuit règne,

Où la veilleuse fait des ombres sur le mur

Et prête un peu de vie au crucifix qui saigne.

 

Dans la chambre attiédie aux contours imprécis,

Je sens qu’en ton sommeil tu penches tout ton être

Sur mon épaule, et que, comme les tout petits,

En dormant, ton amour sait encore me connaître.

 

Les enfants se sont tus, et la chère maison

Est muette, et le jardin vide de floraison

Prends des teintes d’argent sous les rayons de lune.

 

Tu dors, et tu souris quand je te dis tout bas

Que ta vie est ma vie, et que nulle infortune

Ne saurait me troubler qui ne t’effleure pas.

 

 

 

Pierre LESTIENNE.

 

Recueilli dans Poètes de la famille du XVIe au XIXe siècle, Casterman, s. d.

 

 

 

 

 

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