À mon dixième enfant

 

 

Maintenant qu’il est né, le fils de notre amour,

Qu’une goutte de lait perle à sa lèvre rose,

Que la mère a souri dès qu’il a vu le jour,

Que ma crainte s’apaise et que mon cœur repose,

 

Il me monte un orgueil de nos dix têtes blondes,

Car l’honneur est sublime à qui sait le comprendre,

De recevoir ainsi du Créateur des mondes,

Tant de fronts à bénir, tant d’âmes à lui rendre !

 

Et puis, il nous paraît qu’au-dessus des berceaux,

Blancs et silencieux, comme de grands oiseaux,

Les anges du bonheur se penchent côte à côte ;

 

Et de les savoir là, nous nous sentons plus forts,

C’est pourquoi, je rends grâce au chérubin, mon hôte,

À mon dixième enfant, au nouveau-né qui dort.

 

 

 

Pierre LESTIENNE.

 

Recueilli dans Poètes de la famille du XVIe au XIXe siècle, Casterman, s. d.

 

 

 

 

 

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