À mes fils

 

 

D’un pas délibéré, mon fils, va ton chemin ;

Sache peser un acte et regarder en face

Le devoir qui grandit, près du plaisir qui lasse ;

Quand tu donnes, souris, et tends aussi la main.

 

Si tu possèdes peu, ne désire plus rien...

Trop souvent la richesse a fait sombrer la race ;

Aime plutôt l’effort, garde ton bras vivace,

Et qu’autour de ton nom flotte un parfum chrétien.

 

Veux-tu, sous le fardeau, n’être jamais vulgaire ?

Ne marche pas, courbé, les yeux fixés à terre,

Comme un morne valet de la réalité ;

 

Mais sur ton front levé, quand le labeur s’achève,

En abreuvant ton âme aux sources de beauté,

Laisse passer un peu d’idéal et de rêve !

 

 

 

Pierre LESTIENNE.

 

Recueilli dans Poètes de la famille du XVIe au XIXe siècle, Casterman, s. d.

 

 

 

 

 

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