La chute

 

À Eugenio DE CASTRO

 

 

Gigantesques tombeaux, des splendeurs de jadis !

Ô débris monstrueux, dignes d’un Érostrate,

S’indignant à l’orgueil outré d’un autocrate!

Ô villes, dont les ciels n’étaient qu’un pur lapis!

 

Capitales d’un monde ancien, vous dont les fils

Dorment dans le mépris d’une patrie ingrate !

Rayonnantes beautés du Nil et de l’Euphrate !

Babylone ! Ninive ! ô Thèbes ! ô Memphis !

 

Dieu, qui sait les destins, ne veut pas qu’on le tente,

Dans sa large bonté paisible, omnipotente,

Par l’or, la vanité, par les bruits éclatants.

 

Les plus fiers, il les voue aux foudres éternelles :

Jupiter écrasa les superbes Titans,

Comme Icare au soleil laissa brûler ses ailes.

 

 

 

Abel LETALLE.

 

Paru dans Arte, revista internacional

en mai 1896.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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