Rosea Dea
LA DÉESSE AUX DOIGTS DE ROSE.
L’étoile du matin, comme un mourant flambeau,
Était le seul témoin de ce vaste tableau,
Que l’aube d’un beau jour dans un linceul immense
Salue en arrivant, avec un grand silence.
Les oiseaux se réveillent et bientôt dans les airs,
Font retentir l’écho de leurs bruyants concerts.
Et dans leurs vastes tours, les cloches suspendues,
Élèvent jusqu’à Dieu les voix qui lui sont dues.
Le crépuscule, enfin, précurseur du soleil,
Se montre à l’Orient dans tout son appareil ;
De la tranquille nuit, le paisible silence
Succombe sous le bruit qui dans les airs s’élance.
C’est là que l’âme émue à ce brillant aspect,
L’homme se sent fléchir d’un imposant respect.
L’astre du jour paraît en éclairant le monde,
Et commence aussitôt sa carrière féconde.
Un murmure confus de sons harmonieux,
S’échappe d’ici-bas et monte vers les cieux.
Ar. LETUR.
Paru dans Les voix poétiques en 1868.