Le chant de la nature et du chrétien
Le soleil brillait dans la nue ;
Pas une tache sur l’azur
Ne venait attrister ma vue :
Tout était beau, tout était pur.
Errant pensif et solitaire
En un chemin semé de fleurs,
Je bénissais Dieu, notre Père,
Dans ses bienfaits, dans ses grandeurs.
Les refrains que faisait entendre
Pour le louer ma faible voix,
Rencontraient un écho bien tendre
Parmi tous les hôtes des bois.
Joyeux, sautant dans leurs bocages,
Mille oiseaux aux accents divers
Faisaient, par leurs bruyants ramages,
Résonner le ciel et les airs.
Là, serpentant dans la prairie,
Du ruisseau les limpides eaux
Coulaient, image de la vie,
À travers les joncs, les roseaux.
Ainsi que toute la nature
Qui loue et bénit son Auteur,
Il semblait, par son doux murmure,
Chanter la gloire du Seigneur.
Du Zéphyr la brise chérie,
Sifflant à travers les rameaux,
Était comme une hymne bénie
Dont retentissaient les coteaux.
À ces accents de la nature
J’essayai de mêler ma voix ;
Et, comme toute créature,
Je répétai ce chant trois fois :
« Célébrons la toute-puissance
Du Dieu qui décore nos champs,
Du Dieu qui, par sa bienfaisance,
Pour nous fait naître le printemps. –
« Bénissons-le dans nos montagnes,
Bénissons-le la nuit, le jour,
Et que non loin de nos campagnes
S’échappe un saint élan d’amour. »
Louis LÉVESQUE.
Paru dans la Revue du monde catholique en 1861.