Femme
Être pur, être bon, être innombrable, femme,
Chapelet gracieux, harmonieuse gamme
De tous les mots, les cris, les rêves, les frissons
Éparpillés au vent des terrestres saisons.
Seul reflet, ici-bas, de lumière divine
Dont parfois, doucement, notre ombre s’illumine.
Tous les apaisements, les secours et les soins
Dont notre cœur charnel a senti le besoin.
Source de clair pardon, ombrage de tendresse,
Au long de nos chemins misérables. Caresse !
Après l’effort sans but des jours toujours pareils,
Plus douce au corps meurtri que l’aile du sommeil.
Ange à qui donne le jargon de nos chimères
Les noms charmés de sueur et d’épouse et de mère.
Sourire printanier, juvénile ferveur,
Amour fécond et saint, rêve dont la candeur,
Comme un soleil d’avril sur tout l’azur rayonne.
Miracle de bonté, de vaillance... pardonne,
Dans le débordement des cauchemars maudits,
Les pleurs versés sans nombre et les mots que j’ai dits
D’injuste cruauté, de reproche ou d’injure,
Lorsque au seuil délaissé de ma détresse obscure
Le doute grimaçant épandait son effroi.
Si l’on pleure, gémit ; si l’on souffre par toi,
C’est que toi seule au front qu’invite l’espérance
Est digne d’indiquer la joie ou la souffrance.
Lionel LÉVEILLÉ.
Quinze ans de poésie française à travers le monde,
Anthologie internationale,
textes rassemblés par J. L. L. d’Arthey,
France Universelle, 1927.