La Savoisienne

 

 

                      Dédiée à M. le docteur Coster,

Président de la Société Philanthropique Savoisienne à Paris.

 

 

DIEU nous a dit un jour : la Patrie est aux Cieux

Où le mal se répare, où le bien est à faire ;

Pour vivre dans le Temps, je vous donne la terre,

Et pour vivre sans fin, je vous garde les cieux.

Vos frères sont partout : cherchez par les campagnes

Celui dont le cœur souffre et veut être allégé,

Celui dont le bonheur veut être partagé,

              Mais n’oubliez pas vos montagnes.

 

Comme Dieu l’avait dit, nous sommes descendus

Des monts que le soleil à son lever colore ;

Et, loin des beaux lacs bleus où se mire l’aurore,

Nos pas se sont rejoints et nos cœurs, entendus.

Le travail, le savoir, des amis, des compagnes,

Tout ce que l’homme doit modestement rêver,

Ici, comme là-bas, nous l’avons su trouver,

              Mais sans oublier nos montagnes.

 

Voyageurs non perdus sous un ciel étranger,

Nous avons notre place au foyer de la France ;

Nous aimons et suivons avec reconnaissance

Les lois qu’elle se donne et nous fait partager.

Chez elle, nos vertus ne sont pas exilées,

C’est une autre patrie, une amie, une sœur ;

Nous avons entendu retentir en son cœur

              Le pur écho de nos vallées.

 

Où nos aïeux sont morts, où nous devons mourir,

Gardons ce germe saint d’honneur héréditaire,

Qu’en nos cœurs, au départ, déposa notre mère,

Et qu’à notre retour elle veut voir fleurir.

De ceux qui ne sont plus les âmes éveillées

Viendront, pour nous bénir, planer sur leur tombeau,

Et nous rappelleront, pour nos fils au berceau,

              Les vieux récits de nos vallées.

 

 

 

Eugène L’HÉRITIER.

 

Recueilli dans Le Parnasse contemporain savoyard,

publié par Charles Buet, 1889.

 

 

 

 

 

 

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