Sur une tombe d’enfant
C’était un petit angelet,
Tout frêle, et conservant encore
Dans ses yeux vagues le reflet
D’une mystérieuse aurore.
Il ne sut pas ce que valait
Une caresse maternelle...
C’était un petit angelet
Dont on avait mal coupé l’aile...
C’était une fragile fleur
Trop belle pour l’humain parterre,
Trop frileuse pour la pâleur
Du froid soleil de notre terre...
Le doigt sinistre du malheur
L’a moissonnée à peine éclose ;
C’était une fragile fleur
Plus éphémère que la rose...
C’était un élu du Destin ;
Il ne connaîtra pas les larmes,
Les rêves au vol incertain,
Les courts bonheurs semés d’alarmes.
Ceux qui s’en vont en leur matin
N’ont-ils pas droit à notre envie ?
C’était un élu du Destin :
Il obtint grâce de la vie...
Jeanne LONGFIER-CHARTIER.
Paru dans L’Année poétique en 1906.