Courtisane juive

 

 

Pleure, étrangère pâle, avec ton Meyerbeer !

Tu méconnus le Christ, et depuis lors, ô Juive !

C’est le vide qui règne en ton âme plaintive,

C’est l’Infini qui manque à ton désir amer.

 

Comme un rocher que bat l’infatigable mer,

Ton cœur du grand amour lassa les tentatives.

L’Infini ! tu l’attends des voluptés chétives

Que donne en défaillant, ta périssable chair.

 

Trop longtemps tes bras blancs, au sommet des terrasses,

S’ouvrirent, implorant l’espérance des races.

Tes yeux ont trop plongé dans le ciel chaste et bleu.

 

Ton corps s’est fatigué de l’attitude austère,

Et vend, pour en finir, aux amants de la terre,

Ses flancs désespérés faits pour porter un Dieu !

 

 

 

Charles-Florentin LORIOT.

 

Recueilli dans Anthologie critique des poètes normands de 1900 à 1920,

poèmes choisis, introduction, notices et analyses par

Charles-Théophile FÉRET, Raymond POSTAL et divers auteurs,

Paris, Librairie Garnier Frères, 1920.

 

 

 

 

 

 

 

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