Veillée

 

 

Je m’en irai dans les rayons de ma jeunesse,

Dans l’aurore de sa flambée,

Comme en quelque étrange prouesse.

 

Je m’en irai parmi les feux dont je suis née,

Comme un amant jette à l’amour

Son corps, comme on jette un trophée

 

À la gloire, quand monte au ciel un nouveau jour,

Pour que le souvenir s’embrase

De ce qui semble sans retour,

 

Afin que le tombeau perde sa sombre emphase

De dalle opaque, et ne soit rien

Qu’un seuil de cristal, où l’extase

 

De l’esprit rassemblé brise son dernier lien.

 

 

 

 

Hedwige LOUIS-CHEVRILLON,

Les îles du soir, collection

« Points et contrepoints »,

Éditions de la Revue moderne,

Paris 1972.

 

 

 

 

 

 

 

 

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