Espoir en Dieu
À MONSIEUR BERTRAND LOZES
Oui, tu dis vrai, la Providence
Seule ici, frère, aura conduit
Ton inébranlable constance
Au noble but qu’elle poursuit.
Vers elle ta voix suppliante
S’élevait à l’aube et le soir,
Comme la fumée odorante
Qui s’échappe de l’encensoir.
Tes vœux dictés par la droiture
Étaient ceux d’un homme de bien ;
Ta prière fut toujours pure
Comme ton âme de chrétien.
Le regard qui dans les cœurs sonde
Les replis du bien et du mal
Mieux qu’un rayon ne peut de l’onde
Pénétrer le brillant cristal,
Sur toi, sur ta chère famille
S’est reposé plein de douceur,
Et voici que sur ton front brille
L’espoir d’un avenir meilleur.
Et sur ta lèvre le sourire
Reparaissant calme et serein,
À ta compagne semble dire :
Sans effroi je pense à demain. »
Oh ! bénissons Dieu, mon cher frère,
De son ineffable bonté.
Ce demain par ton cœur de père
Hier encore tant redouté,
Dans un ciel pur et sans nuages
Va luire désormais pour toi,
Exempt des terribles orages
Qui viennent d’éprouver ta foi.
Et tes enfants dont l’innocence
Parfume ton âme et ton seuil,
Un jour, c’est ma ferme espérance,
Tes chers enfants, ton seul orgueil,
Joindront aux grâces de leur mère,
Aux rares trésors de son cœur,
Les mœurs intègres de leur père
Et les vertus de notre sœur.
Bordeaux, 23 Octobre 1857.
Bernard LOZES,
Le grillon d’un foyer chrétien, 1869.