À Notre-Dame

du Bout-du-Puy

 

HUMBLE OFFRANDE

 

 

Si le sceau brillant du génie

Décorait chacun de mes vers,

Et si des torrents d’harmonie

Jaillissaient de tous mes concerts ;

Si ma main du pieux Racine

Ou de son frère Lamartine

Tenait le luth mélodieux,

Mes chants, des choses de la terre,

Ne célébreraient, ô ma mère,

Que celles qu’on retrouve aux cieux.

 

Mais de cette flamme immortelle,

Dont rayonne leur nom si pur,

Jamais une seule étincelle

Ne luira sur mon front obscur.

Du cèdre ils ont la haute cime,

Du roi des airs le vol sublime,

Ils ont la voix du rossignol.

Ma destinée est moins superbe :

Comme l’insecte et le brin d’herbe,

Je bourdonne et crois près du sol.

 

Il est vrai que, dans la nature,

Tout chante un hymne au Créateur ;

Et le ruisselet qui murmure,

Caché sous la bruyère en fleur,

Lui-même redit ses louanges,

Comme les chœurs sacrés des anges,

La terre, les cieux et les mers ;

Comme le plus grand des poètes,

Comme l’Aquilon, les tempêtes,

Comme la foudre et les éclairs.

 

C’est, à mes yeux, ma seule excuse

De t’avoir osé dédier

Des vers que mon inculte Muse

À peine a su balbutier.

Un autre penser me console :

Je sais que la modeste obole,

Que le denier de l’orphelin

Pèse encor plus dans ta balance

Que les présents dont l’opulence

Couronne ton autel divin.

 

 

Bernard LOZES,

Le grillon d’un foyer chrétien, 1869.

 

 

 

 

 

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