Les nuées
Par les grands ciels d’azur flottent tant de nuages
Menus, roses et blonds comme des seins d’enfants,
Que mes yeux attirés vers leurs lointains voyages
S’usent à contempler leurs ébats triomphants.
Dans les ruissellements fous de leurs chevelures,
Ces pèlerins nouveaux, ces esquifs indolents
Gardent bien les reflets de toutes les allures
Des continents qu’ils ont traversés à pas lents.
Ah ! je les vois aller par blanches mousselines,
Mêlant les ruisseaux clairs et les océans lourds,
Et figer sur leurs corps l’image des collines
Dont les miroirs voilés, pour eux, n’ont plus d’amour.
La voûte immense et bleue à jamais s’en imprègne.
Oh ! les vertigineux et blancs palais qu’ils font !
Comme ils semblent courir et propager le règne
De la métamorphose éternelle qu’ils sont !
Wilfrid LUCAS.
Recueilli dans Anthologie de la Société
des poètes français, tome 1, 1947.