L’âme chrétienne défiant la douleur
Douleur, tu ne me vaincras pas !
Christ est la force de mon bras ;
Je me ris de ta chaîne.
Si tu tiens le corps garrotté,
Par Lui l’âme est en liberté :
C’est mon joyeux domaine.
Je prendrai souvent mon essor
Vers la cime éternelle ;
J’irai contempler mon trésor
Dans la ville immortelle.
Douleur, je ne te maudis pas,
Car ton œuvre est sainte ici-bas.
J’ignore ton mystère,
Le secret de l’Omniscient.
Mais mon cœur soumis et croyant
Y voit l’amour d’un père.
Pendant que le jour resplendit
Le firmament étend ses voiles ;
Mais à travers la sombre nuit
Il se montre émaillé d’étoiles.
Ainsi souvent dans la santé
Du Ciel la douce charité
Se cache à notre vue ;
Mais quand la santé disparaît
Nous prions, et Jésus paraît
Bénissant l’âme élue.
Oui, la douleur fait reverdir
Une âme qui s’était fanée
Au souffle même du zéphyr :
Douleur, voilà ta destinée.
J. LUCE.
Paru dans L’Année des poètes en 1896.