Les disciples à l’Ascension
ODE.
Eh quoi ! divin berger, tu laisses
Dans ce vallon de pleurs ton troupeau désolé,
Sans guide, en proie à ses faiblesses !
Et toi, fendant l’air étoilé,
Tu montes immortel, à tes cieux rappelé !
Comme le bonheur fut immense,
Immense est la douleur aussitôt qu’il a fui :
Nourris de ta douce présence,
Sevrés de ta vue aujourd’hui,
De quel côté tourner nos yeux chargés d’ennui ?
Ces yeux, qui naguère, et sans cesse
Ont pu de ton visage admirer la beauté,
Que verront-ils qui ne les blesse ?
Pour ceux qui t’avaient écouté
Quels sons ne seront sourds et remplis d’âpreté ?
LOUIS DE LEON.
Recueilli dans Espagne poétique, choix de poésies castillanes
mises en vers français par Don Juan Maria Maury, 1832.