Noël nouveau
Marie, lasse dans son lit,
Marie s’est accoudée et songe au Paradis
Dont l’enfant pour nous descendit,
Qui dort dans un berceau grossier
Fait d’osier.
Joseph la veille,
Elle sommeille.
Il s’appuie sur son bâton,
Homme de foi, simple et bon,
Habitué à la merveille
Des apparitions.
Car l’ange trois fois lui est apparu
Qui annonça dans la nue
Du Rédempteur la venue,
Chantant gloire dans les cieux.
Ô concert mystérieux
Dont fut soudain toute remplie
La nuit !
Courez, ô pasteurs de Judée,
Suivez
La voie par l’étoile tracée ;
Laissez vos brebis
Pour le Dieu du Paradis
Tout nu,
Parmi vous descendu.
Vos troupeaux vous suivront,
Ils accourront
Vers l’étable où dort l’enfant
De froid tremblant
Entre le bœuf et l’ânon.
L’ange qui porte l’étoile
Bientôt dissipera les voiles
Dont la nuit s’enveloppait.
Bientôt va luire le jour,
Le premier
Qui verra le Dieu d’amour
Incarné.
Bientôt les mages viendront,
Inclinant leur front.
Les trois rois des pays lointains,
Déjà ils sont en chemin,
Apportant
À l’enfant
Dans leurs mains
L’encens, la myrrhe et l’or.
Mais d’abord
C’est à vous, bergers,
De l’adorer.
Courez !
Les trois rois sont venus ;
Ils n’ont plus trouvé l’enfant nu,
Mais dans un berceau grossier
Fait d’osier ;
Et les dons
Des bergers
Ont précédé leurs dons.
Mais ils s’avancent
Vers l’enfance
Où veut se dissimuler
Du Très Haut la majesté :
Et Jésus s’est réveillé,
Et le tient assis Marie
Plein de vie
Sur ses genoux.
Deux des rois restent debout
À l’écart... Et peut-être ils n’osent
S’approcher.
Ô pécheur,
Ô cœur
Plus dur qu’un rocher,
Vois cette frayeur,
Vois ce respect :
Ils n’osent
S’approcher.
Cependant Melchior
Offre un calice plein d’or
Au Dieu de pauvreté ;
Et les autres, s’avançant,
Les parfums
Dont leurs mains
Furent chargées en chemin.
André MABILLE DE PONCHEVILLE.
Paru dans Almanach de l’Action
sociale catholique en 1936.