À Son Altesse Royale
Mgr le comte de Paris
Petit ange, je te salue ;
Digne rejeton d’un bon roi,
Que Dieu bénisse ta venue,
Et qu’il veille toujours sur toi !
Qu’il t’accorde bonté, sagesse,
Ce sont là ses plus beaux présents !
Et qu’il préserve ta jeunesse
Des mensonges des courtisans !
Comme le soleil qui t’éclaire,
À tous prodigue tes bienfaits ;
Comme ton aïeul et ton père,
Sois pour nous d’un facile accès.
– Oui, tu prendras notre défense,
Petit-fils d’un roi citoyen,
Te rappelant qu’en ton enfance
Tu suças du lait plébéien.
Savoure, cher enfant, ce lait avec délice,
Si sa source est obscure, est-il moins bienfaisant ?
Le peuple est honoré du choix de ta nourrice,
Comme ma femme, elle est femme d’un tisserand.
Moi, pauvre villageois an rustique langage,
Je consulte mon cœur, il dicte mes écrits,
C’est lui qui veut t’offrir un simple et pur hommage,
Ne le dédaigne pas, chaque chose a son prix.
Peut-être les accords de mon humble musette
N’iront pas jusqu’à toi, resteront sans succès ;
Mais j’ai fait mon devoir et j’ai payé ma dette,
Prince, je dois t’aimer, ne suis-je pas Français ?
Près de mon petit-fils ; qui vient aussi de naître,
J’ai composé ces vers en formant le désir,
Qu’il puisse un jour te voir, t’aimer et te connaître,
Sous le même drapeau te défendre et mourir !
Lizy, septembre 1838.
MAGU, Poésies de Magu, tisserand, 1846.