Stances sur la mort

de Madame la comtesse d’Harville

 

DÉCÉDÉE À LIZY, À L’AGE DE 86 ANS.

 

 

Nos pleurs, hélas ! couleront bien longtemps,

Notre douleur est bien amère,

Ô bonne Mère !

Vis dans le cœur de tes enfants.

 

Tout est fini, la tombe s’est ouverte,

Nos vœux, nos cris n’ont pu la ranimer ;

Avec effroi nous voyons notre perte,

Son cœur battait, c’était pour nous aimer ;

Il ne bat plus !... et la terre est déserte.

 

Nos pleurs, hélas ! couleront bien longtemps,

Notre douleur est bien amère,

Ô bonne Mère !

Vis dans le cœur de tes enfants.

 

Jamais, jamais, elle ne fit attendre

L’infortuné tourmenté par la faim ;

Elle trouvait du plaisir à l’entendre,

Le consolait et lui serrait la main,

Il s’en souvient, il pleure sur sa cendre.

 

Nos pleurs, hélas ! couleront bien longtemps,

Notre douleur est bien amère,

Ô bonne Mère !

Vis dans le cœur de tes enfants.

 

Mais nous avons sa dépouille mortelle,

Restes chéris, débris d’un beau trésor,

Et sa belle âme ! oh ! cette âme éternelle,

Au haut des cieux nous la verrons encor,

En contemplant l’étoile la plus belle.

 

Nos pleurs, hélas ! couleront bien longtemps,

Notre douleur est bien amère,

Ô bonne Mère !

Vis dans le cœur de tes enfants.

 

Mais non, ces vers que ta perte m’inspire,

Ne disent pas tout ce que mon cœur sent ;

Triste et glacé, les regrets qu’il soupire

Sont le tribut du modeste artisan

Qu’encouragea parfois ton doux sourire.

 

Nos pleurs, hélas ! couleront bien longtemps,

Notre douleur est bien amère,

Ô bonne Mère !

Vis dans le cœur de tes enfants.

 

 

 

MAGU, Poésies de Magu, tisserand, 1846.

 

 

 

 

 

 

 

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