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Le cantique de Moïse
L’Éternel s’est montré dans toute sa puissance.
La Terre a tressailli. Des mers, à sa présence,
Les flots amoncelés ont oublié leur cours.
Il a vu des méchants la poursuite cruelle,
Et son peuple fidèle
N’a point à son pouvoir eu vainement recours.
Créateur et maître du monde,
Il a paru comme un guerrier !
Son bras a renversé dans l’onde
Le cheval et le cavalier.
De sa rigueur mémorable victime,
Pharaon qui le méconnaît,
Précipité dans le profond abîme,
Ainsi que le plomb disparaît.
Adorons le Seigneur et chantons sa louange !
À l’innocent le Dieu si propice et si doux
Est terrible quand il se venge.
Publions ses bienfaits et craignons son courroux.
L’ennemi s’écriait dans sa folle espérance :
« J’épuiserai sur toi les traits de ma vengeance,
Israël, de la mort rien ne te sauvera.
J’irai, je poursuivrai, j’atteindrai cet esclave
Qui me fuit et me brave ;
Je saisirai mon glaive, et ma main frappera. »
– Mais de vos ennemis la foule téméraire,
Seigneur, frémit en vain d’orgueil et de colère :
Qui peut entre les forts se comparer à vous ?
Vous avez étendu votre main formidable
Sur leur race coupable,
Et le gouffre aussitôt les a dévorés tous.
Enfin par cette main puissante
Israël se voit délivré :
Les peuples l’ont appris, et saisis d’épouvante,
Vainement contre vous ils ont tous conjuré.
Ils cachent leur effroi sous une audace feinte ;
Déjà le Philistin se trouble à votre nom,
Et le Dieu de Jacob a fait pâlir de crainte
Les puissants de Moab et les princes d’Édom !
Dieu des combats, guidez vos serviteurs fidèles,
Frappez des ennemis dont les mains criminelles
Dans le Sang d’Israël espèrent se plonger !
Qu’à votre aspect leurs pieds se fixent à la terre,
Et que, saisis de peur au moment du danger,
Immobiles comme la pierre,
Ils connaissent ce Dieu qu’ils osent outrager !
Jusqu’au jour où, fixé sur la montagne sainte,
Votre peuple, Seigneur, puisse habiter l’enceinte
Des murs par vos mains affermis ;
Pour conduire ses pas dans le saint héritage,
Votre bras tout puissant l’a sauvé du naufrage
Qui vient d’anéantir ses cruels ennemis.
Votre Esprit a souillé : la vague obéissante
Retombe dans l’abîme, et l’Égypte puissante
N’a plus de souverain, de chefs ni de soldats.
L’onde qui les recouvre a surpris dans leur bouche
La menace farouche,
Et le peuple de Dieu triomphe sans combats.
Adorons le Seigneur et chantons sa louange !
À l’innocent ce Dieu si propice et si doux
Est terrible quand il se venge.
Publions ses bienfaits et craignons son courroux.
Sa puissance n’est point faible ni passagère ;
Il soulève des mers l’éternelle barrière,
Il aime à déjouer l’ambition des rois,
Et l’Univers soumis obéit à sa voix...
Xavier de MAISTRE.
Recueilli dans Poètes de Jésus-Christ,
poésies rassemblées par André Mabille de Poncheville,
Bruges, Librairie de l’Oeuvre Saint-Charles, 1937.
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