Paraphrase du psaume CXXVIII

 

                       SAEPE EXPUGNAVERUNT ME

 

 

Les funestes complots des âmes forcenées

Qui pensaient triompher de mes jeunes années

Ont d’un commun accord mon repos offensé,

Leur rage a mis à jour ce qu’elle avait de pire.

              Certes, je puis le dire,

Mais je puis dire aussi qu’ils n’ont rien avancé.

 

J’étais dans leur filet ; c’était fait de ma vie,

Leur funeste rigueur qui l’avait poursuivie

Méprisait le conseil de revenir à soi ;

Et le coutre aiguisé s’imprime sur la terre

              Moins avant que leur guerre

N’espérait imprimer ses outrages sur moi.

 

Dieu, qui de ceux qu’il aime est la garde éternelle,

Me témoignant contre eux sa bonté paternelle,

A selon mes souhaits terminé mes douleurs ;

Il a rompu leur piège et, de quelque artifice

              Qu’ait usé leur malice,

Ses mains qui peuvent tout m’ont dégagé des leurs.

 

La gloire des méchants est pareille à cette herbe

Qui sans porter jamais ni javelle ni gerbe,

Croît sur le toit pourri d’une vieille maison ;

On la voit sèche et morte aussitôt qu’elle est née,

              Et vivre une journée

Est réputé pour elle une longue saison.

 

Bien est-il malaisé que l’injuste licence

Qu’ils prennent chaque fois d’assiéger l’innocence,

Et quelqu’un de leurs vœux ne puisse prospérer,

Mais tout incontinent leur bonheur se retire,

              Et leur honte fait rire

Ceux que leur insolence avait fait soupirer.

 

 

 

François de MALHERBE.

 

Recueilli dans Anthologie religieuse des poètes français,

t. I, 1500-1650, choix, présentation et notes d’Ivan Gobry,

Le Fennec éditeur, 1994.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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