Stances à un père sur la mort de sa fille

 

 

Ta douleur, Du Perrier, sera donc éternelle,

                Et les tristes discours

Que te met en l’esprit l’amitié paternelle

                L’augmenteront toujours !

 

Le malheur de ta fille, au tombeau descendue

                Par un commun trépas,

Est-ce quelque dédale où ta raison perdue

                Ne se retrouve pas ?

 

Je sais de quels appas son enfance était pleine,

                Et n’ai pas entrepris,

Injurieux ami, de soulager ta peine

                Avecque son mépris.

 

Mais elle était du monde, où les plus belles choses

                Ont le pire destin ;

Et, rose, elle a vécu ce que vivent les roses,

                L’espace d’un matin.

 

La mort a des rigueurs à nulle autre pareilles :

                On a beau la prier ;

La cruelle qu’elle est se bouche les oreilles,

                Et nous laisse crier.

 

Le pauvre, en sa cabane, où le chaume le couvre,

                Est sujet à ses lois ;

Et la garde qui veille aux barrières du Louvre

                N’en défend point nos rois.

 

De murmurer contre elle et perdre patience

                Il est mal à propos ;

Vouloir ce que Dieu veut est la seule science

                Qui nous mette en repos.

 

 

 

François de MALHERBE.

 

Recueilli dans

Recueil gradué de poésies françaises,

par Frédéric Caumont, 1847.

 

 

 

 

 

 

 

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