La cathédrale
Aux Vêpres de l’Assomption
en la Basilique de Québec.
À l’orgue : Henri Gagnon.
La Fatigue du jour monte jusqu’à la voûte ;
Le silence est blotti dans les bras des piliers ;
L’odeur des encensoirs éteints pèse, veloute
Le marbre de l’autel et l’or des chandeliers.
La paix a labouré la nef ! Goutte vermeille,
La lampe brûle et vit comme un amour humain...
Je me tiens devant Dieu, plus humble que le pain ;
La cathédrale veille !
Elle veille, elle attend le grand cri de lumière,
Le juste accord de l’Art : rêve et chant à la fois.
L’orgue ouvre le tombeau des chansons prisonnières...
Tout le cœur de l’artiste est au bout de ses doigts.
La beauté magnifie une foule mouvante,
Les fronts se penchent lourds d’harmonie et de ciel !
Et la musique coule en nous comme du miel...
La cathédrale chante !
Le prêtre psalmodie et l’âme se sent vivre
Quand la nuit nous dépouille et nous jette à genoux.
Et l’homme, dieu saignant que la grâce délivre,
Connaît l’assomption de son esprit absous,
Sa prière s’élève avec foi vers Marie...
Moins seul d’être apaisé, plus grand d’être béni,
Le pécheur s’abandonne aux voix de l’infini...
La cathédrale prie !
Reine MALOUIN, Signes perdus, 1964.
Ce poème a remporté le premier prix du Concours
de l’Académie des Poètes Classiques de France,
avec médaille Victor Hugo et un Diplôme de Maître ès Lettres.