À tes pieds...
Notre-Dame des Poètes.
Marie !
C’est moi, ton enfant de misère,
Ta porteuse de vie
Dont le cœur bondissant fait le tour de la terre.
Je m’approche de ton autel
Les mains vides et l’âme nue.
Je n’ai que mon rêve immortel,
Mon aurore inconnue
Et le pur diamant
De mon tourment,
À t’offrir, ce matin de mai.
Marie !
J’ai refermé
Mes bras tremblants sur ma poussière,
Et je te prie.
C’est moi, ta Suppliante aux élans de lumière,
Avec ses nocturnes vivants,
Ses souffles orageux soulevés par les vents,
Ses soirs d’amour aux bleus messages,
Alors que s’offre mon visage
Comme un ciel pur.
Marie !
C’est moi, la voyageuse aux haltes infinies
Et qui parfois rejoint l’azur :
C’est moi qui marche jusqu’au soir
Et porte mon espoir
Jusqu’au sommet du monde,
Pour respirer sans bruit,
Et seule, me pencher sur l’âme de la nuit.
C’est moi, la vagabonde,
Dont les grains du rosaire
Sont faits de larmes solitaires
Qui glissent à travers les doigts
Comme passent dans notre vie
Les gouttes de bonheur.
Marie !
Voici mon cœur.
C’est moi,
Folle quêteuse d’harmonie,
Haillon d’idéal qui cherche à capter
Un doux rayon de vérité
Qui me délivrerait de ma douleur,
Comme un peu de clarté délivre de la peur.
Marie !
Ta cueilleuse de poésie
Qui n’a pour se nourrir que beautés déchirées,
La seule liberté de ses mains délivrées,
Trouve à tes pieds,
Les soleils déliés, les hymnes de l’été,
La nature qui fait son bruit d’éternité.
Merci, Marie,
Pour ce don de la vie,
Pour cette paix lumineuse, parfaite,
Ô Notre-Dame des Poètes.
Reine MALOUIN, Signes perdus, 1964.