Le signe lumineux
Depuis que je suis née au soleil de la terre,
Ma chair d’enfant connaît l’angoisse de souffrir ;
Tous mes sens désireux de vivre leur mystère,
N’ont rien appris de mieux que de savoir mourir.
Depuis que j’ai connu la douceur d’autres âmes,
La mienne aspire au don du plus grave bonheur,
C’est pourquoi j’ai brûlé mon cœur à tant de flammes,
Cherchant à consumer mes rêves les meilleurs.
Mais je n’ai pas trouvé d’étoile dans l’espace,
Ni le visage pur de la sérénité,
Ni l’océan d’oubli, ni l’exil de la grâce,
Ni le chemin patient de toute humilité.
Ah ! s’il se fut trouvé un seul rayon lunaire,
Semblable à l’infini que je portais en moi,
J’aurais croisé mon feu sur ce trait de lumière,
Pour que le monde morde à ce signe de croix.
Reine MALOUIN, Signes perdus.
Recueilli dans : Maurice Delorme, Le Blason des Poètes,
Anthologie du Syndicat des Journalistes et Écrivains,
Éditions de la Revue moderne, 1965.