Soir d’été
Soir d’été radieux que mon âme contemple,
Soir étoilé, si beau, qu’on se sent attaché
Aux frémissements longs de l’esthétique temple
Qui se dresse vivant dans l’éther intouché.
Le rêve immense prend la route de l’espace,
Ses ailes, dans le vent, bondissent de désir,
Il respire la nuit et caresse la grâce,
Comme le corps se livre ardemment au plaisir.
À ses frissons divins l’âme tendre s’attarde,
Elle vit un vertige abyssal où la paix
S’arrête un lourd moment... Le ciel pur nous regarde
Et notre mal se couche enfin dans des draps frais.
Nous montons. Le bonheur n’est plus fait de matière,
L’esprit s’élève fort et nu comme les cieux,
Notre doute s’éclaire à l’astrale lumière :
Et ce sont ces soirs-là qui nous font croire en Dieu.
Reine MALOUIN, Signes perdus, 1964.