Visitation

 

 

Marie se hâte avec douceur

Sur les pentes du Haut-Pays

Attentive à l’Hôte enfoui

À l’ombre de sa chair en fleur.

 

Elle exulte d’être en secret

Une princesse où rien ne brille.

Dans son cœur de petite fille

Germe le Prince de la paix.

 

Là-bas étincelle la mer

Qui communie avec l’aurore.

Ô Porte ouverte ! Signe d’or !

Acclamation de la lumière !

 

« Tout l’espace trempé d’azur

– Oh ! la neige sur le Liban ! –

Cher petit Dieu, n’est pas plus pur

Que la tendresse dans mon sang.

 

« Les bêtes et les gens ignorent

Quand je passe vêtue de gris

Quel Roi dort en catimini

Au tabernacle de mon corps. »

 

Le Silence naît du silence,

Une enfant protège l’Infime,

Puisqu’échappé du Triple Abîme

L’Amour s’est changé en semence.

 

Élisabeth alors se dresse

Comme l’attente d’Israël

Pour accueillir, debout, la frêle

Messagère de la Sagesse.

 

L’aïeule lourde et éblouie

Presse contre sa joue ridée

Le doux visage de rosée,

 

Et Jésus parle à Jean sans bruit.

 

 

 

Jean MAMBRINO, dans La nouvelle guirlande de Julie,

anthologie présentée par Jacques Charpentreau,

Éditions ouvrières, « Enfance heureuse », Paris, 1976.

 

 

 

 

 

 

 

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