Le mendiant à la charrette
À ton passage les monts se sont ouverts,
les eaux du fleuve se sont arrêtées,
le soleil a fait disparaître les nuages obscurs,
la terre doucement a apaisé les vents.
Mais toi, le pauvre roulier, tu ne sais pas,
et tes chiens aux langues poudreuses
non plus, que c’est Dieu qui vous suit.
Les portes des maisons s’ouvrent amiables,
les pauvres aussi semblent devenus des riches
et vous offrent un pain et le sel de l’amitié.
Sur vous l’orage s’évanouit, car les montagnes
tout autour vous défendent.
Les chiens flairent l’odeur de soufre de la foudre
lointaine et s’accroupissent sur le bord de la route.
Déforme et sans voix, tes yeux sont deux étoiles,
ni les tempêtes, ni la mort ne pourront t’envoler
du cœur le grand don de ton Dieu :
la résignation chrétienne qui est ta force
et ton bonheur sur la terre.
Antonio MANUPPELLI.
Traduit de l’italien par Enrico Bardi.
Paru dans Rythmes et couleurs en 1965.