Ô Marie, que votre nom est grand !

 

 

 

VOUS souvient-il de cette scène touchante, qui nous montre Marie saluant celle qui accueille avec respect sa visite, et s’écriant : « Voilà que toutes les nations m’appelleront bienheureuse ? »

 

Oh ! s’il eut entendu alors ces lointains présages, le siècle orgueilleux, avec quel dédain ne les eût-il pas accueillis ! Prévisions des hommes, que vous êtes fausses et combien votre sagesse est bornée !

 

L’avenir obéissant a répondu à vos paroles, ô Vierge sainte, et nous en sommes témoins, nous, disciples d’une religion d’amour ; nous, élevés à l’école des enseignements divins.

 

Nous savons qu’il a justifié son oracle, celui qui l’avait placé sur vos lèvres ! Pour nous votre nom est grand, ô Marie ! il est doux de le célébrer.

 

Pour nous votre saint nom veut dire : Vous êtes la Mère de Dieu. Salut, ô bienheureuse ! aucun nom ne peut égaler le vôtre, nul mortel n’en porta jamais qui puisse lui être comparé.

 

Salut, ô bienheureuse ! il n’est siècle si barbare qui n’ait ouï répéter ce nom. Quel père n’instruit son fils à le redire ? où sont les montagnes et les fleuves qui ne l’entendirent pas invoquer ?

 

Le vieux monde n’est pas seul à porter vos temples, mais celui que le hardi Génois découvrit voit croître lui aussi la foule de vos serviteurs dévoués.

 

Par delà les mers, il n’est terre si lointaine, il n’est pays si sauvage, où l’on cueille des fleurs d’un nom inconnu, dont on ne pare vos autels, où l’on ne gravisse avec joie les marches de vos sanctuaires vénérés.

 

Ô Vierge, ô Maîtresse, ô toute sainte, quels beaux titres toutes les langues vous réservent !

 

À chaque instant on en parle, de tous les côtés, et l’on pleure, et la terre se réjouit encore avec vous de la joie que vous éprouvâtes en devenant Mère de Dieu, comme d’un événement qui daterait d’hier.

 

Ainsi devait être honorée celle que Dieu a choisie pour sa Mère ; ainsi il a plu au Seigneur d’élever, entre toutes, cette fille de la tribu de Juda.

 

Ô race d’Israël dépossédée de ta gloire, toi qui portes depuis si longtemps le poids de la colère du Très-Haut, celle que nous entourons de tels honneurs n’est-elle pas sortie de tes rangs ?

 

N’est-ce pas le rejeton de David, et les pensées des anciens prophètes n’étaient-elles pas avec Marie, quand ils annoncèrent les trophées d’une Vierge élevés au-dessus des enfers ?

 

Invoquez donc enfin son grand nom, et, avec nous, dites-lui : « Salut, refuge de ceux qui pleurent ! resplendissante comme le soleil, terrible comme une armée rangée en bataille ! »

 

 

 

Alexandre MANZONI.

 

Recueilli dans Bouquet à l’Immaculée,

Éditions Saint-Jean, 2004.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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