La Vierge aux mains d’aurore
Quand le jour faisait naître une aube de printemps
Et la grave beauté des matins de Florence,
Sandro Botticelli mesurait les instants
Au vol blond des rayons qu’un frisson d’or devance.
Il rêvait de fixer l’angélique douceur
Qui dépasse toujours les terrestres images,
Car la Vierge Marie, au ciel, est notre sœur
Et voit avec amour nos plus humbles hommages.
Serait-elle, aujourd’hui, la Vierge au bleu manteau
Qui recouvre et protège une foule incertaine ?
Celle dont la balance a fléchi son plateau,
Ou celle qui sourit au bord de la fontaine ?
Mais la beauté divine est un jardin fermé :
Il la voulait si pure, il la voulait si belle,
Que son front se comblait d’un songe inexprimé
Et qu’il ne touchait plus à son pinceau rebelle.
Car il entrevoyait, dans la clarté des cieux,
Comme une fleur de paix qui vient toujours d’éclore
Celle dont le visage éblouit tous les yeux,
La Mère de Jésus, la Vierge aux mains d’aurore...
Jean-Abel MARCHAND.
Paru dans la revue Marie
en mars-avril 1956.