Penser en la passion...
Penser en la passion
De Jésus-Christ,
C’est la consolation
De mon esprit.
Seigneur quand viendra le jour
Tant désiré,
Quand je serai par amour
À vous tiré,
Et que l’union sera
Telle entre nous
Que l’épouse on nommera
Comme l’époux ?
Ce jour de noces, Seigneur,
Me tarde tant,
Que de nul bien ni d’honneur
Ne suis content ;
Du monde ne puis avoir
Plaisir ni bien :
Si je ne vous y puis voir,
Las ! je n’ai rien.
Si de votre bouche puis
Être baisé,
Je serai de tous ennuis
Bien apaisé.
Baisez-moi, accolez-moi,
Mon Tout en tous,
Unissez-moi par la Foi
Du tout à vous.
Essuyez des tristes yeux
Le long gémir,
Et me donnez pour le mieux
Un doux dormir.
Car d’ouïr incessamment
Vos saints propos,
C’est parfait contentement
Et sûr repos.
MARGUERITE DE NAVARRE.
Recueilli dans Les poètes religieux,
anthologie du XIIIe siècle à nos jours
(choix, préface et notes de Léon Larmand).