Le vieil architecte
Mon aïeul érigea l’aile nord et la tour
Qui semble (en sa lourdeur) un preux de haute mine,
Puis lança, dans l’air pur, la flèche qui domine
De son vol de géant tous les toits d’alentour.
Le long porche ajouré qu’écussonne une hermine
Est l’œuvre de mon père, élevant à son tour
La voûte aérienne et le sombre pourtour
Que le feu rougeoyant des vitraux illumine.
Et moi, vieillard tremblant, j’aurai vu de mes yeux
L’évêque consacrer le monument pieux
Auquel un lien d’amour me soumet et m’enchaîne...
Mais, je me sens tout fier, en lui disant adieu,
D’avoir pu terminer, avant ma mort prochaine,
Ce poème de pierre à la gloire de Dieu.
MARIE-THÉRÈSE.
Paru dans L’Année poétique en 1906.