Comme on meurt

 

 

Ô douloureux repos ô pure inconnaissance

Dieu présent mais voilé

Du voile éblouissant de Vos Mystères de Votre Essence

 

Aimant de toute créature

Et l’âme que Votre Esprit attire

Vous-même êtes présent et seul en elle

Vous Dieu caché

Que nul de Son vrai Nom n’appelle

 

Elle n’a pour Vous parler que son souffle et sa plainte

Elle éprouve d’une crainte sacrée

L’œuvre que Vous accomplissez dans les profondeurs où elle s’ignore

Elle gémit comme l’arbre qui va tomber Comme on meurt

 

Elle souffre – néant – Votre action

Que son esprit contemple

Interdit submergé et se heurtant

Au cristal de Votre Domaine

Comme un aigle enténébré

Frappe de ses ailes errantes

Aux colonnes de l’air illuminé

 

 

 

Raïssa MARITAIN, Au creux du rocher,

Alsatia, 1954.

 

 

 

 

 

 

 

www.biblisem.net