Souffrir

 

 

Nous devons tous souffrir, quel que soit notre rang.

Tout le long du chemin, jusqu’au mont du Calvaire,

Il faut suivre le Christ à la trace du sang

Et tomber écrasés comme le grain sur l’aire,

Meurtris et dépouillés au fléau du malheur.

Pour sauver le pécheur, pour racheter le crime,

Aux jours de désespoir, d’angoisse et de terreur

Le juste doit s’offrir comme une autre victime.

Dieu nous a tant donné, dans sa grande bonté,

Quand à chaque bienfait répondait notre offense,

Nous avons tant reçu, sans l’avoir mérité,

Comme des fils ingrats outrageant sa clémence,

Que la voix de justice a crié contre nous.

Aussi, je dois baiser la main qui me flagelle,

Accepter la souffrance et pleurer à genoux ;

Mais je me sens bien faible et la peine est cruelle,

Sous le faix de la croix je tombe à chaque pas,

Je sens gronder en moi des ferments de colère :

Seigneur, fais qu’en chemin je ne succombe pas !...

Juge et maître adoré, sois aussi notre père !

Toi pour qui le long siècle au jour semble pareil,

Toi qui sais dispenser le feu, le vent et l’onde,

Permets que nous ayons notre jour de soleil !

Daigne alléger l’épreuve aux passants de ce monde !

 

 

Mathilde de MARLIAVE.

 

Paru dans L’Année poétique en 1906.

 

 

 

 

 

 

 

www.biblisem.net