Pensée de novembre

 

 

N’ayant plus rien en moi, pas même une espérance,

Car j’ai sur cette terre essayé tout en vain,

Comme un vaisseau perdu sur l’océan immense,

Je m’en vais ballotté sur des gouffres sans fin.

 

L’œil terne, sans vigueur, le front creusé de rides,

Étreignant ma poitrine en feu dans mes deux mains,

Je suis comme un lépreux en des landes arides,

Et je traîne mes pas loin des sentiers humains.

 

Comme l’aigle blessé laisse exhaler sa rage,

Tel, dans la nuit profonde où je vais anxieux,

Mon pauvre cœur meurtri pousse un sanglot sauvage,

Qui roule sans écho dans la noirceur des cieux.

 

Grand Dieu ! qui, dominant les espaces sans bornes,

Me vois ramper dans l’ombre en un pareil émoi,

Jette un rayon joyeux sur des jours aussi mornes,

Et mes chants radieux monteront jusqu’à toi.

 

 

 

Joseph MARMETTE.

 

Recueilli dans Poésies (1906), par Alfred Garneau.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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