Au crépuscule

 

(FRAGMENT)

 

 

C’est le soir. – Loin encor d’avoir fini sa route.

Le voyageur lassé, sur le bord du chemin,

Vient de laisser tomber son bâton de sa main.

Il s’arrête, pensif ; il regarde, – il écoute...

 

Il regarde, là-bas, les détours sinueux

Que son pas alangui marqua dans la poussière,

Il contemple les monts, les torrents écumeux

Qu’il a fallu passer hésitant, solitaire.

 

Il écoute, rêveur, les bruits plaintifs du vent,

Et la brise qui passe à travers les grands chênes

Semble lui rapporter dans son frémissement

De lointains souvenirs les effluves lointaines.

 

Il songe aux temps passés, sombres et douloureux,

Aux bonheurs entrevus, mais croules dans le vide,

À cet amour trompeur cherché d’un cœur avide,

Aux espoirs décevants qu’il voyait radieux.

 

Mais un rayon d’en haut, pure et sainte lumière

Dans ce vieux cœur meurtri vient ramener la paix,

Et de l’amour divin le baume salutaire

Apaise en un moment amertume et regrets.

 

Le vieillard sent bientôt se mouiller sa paupière ;

De son cœur vers le ciel s’élève la prière.

Il repart, confiant en Dieu qui le conduit,

Et son pas assuré résonne dans la nuit.

 

 

 

Dr H. MARTIN.

 

Paru dans L’Année des poètes en 1895.

 

 

 

 

 

 

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