Gloire à la Vie
Avec ce qu’on espère au printemps, à l’été,
cette vie, une fleur, un fruit, une beauté.
Avec ce que l’automne apporte en plénitude,
cette vie, un poème, un cri de gratitude.
Et le cœur bat devant la mort, la vanité,
devant son idéal et sa félicité.
Comme une inspiration le séduit cette offrande
où, par nature, il glane un bonheur sans demande.
Et le cœur bat devant l’orgueil, la passion,
tantôt vainqueur, tantôt vaincu par l’illusion.
Faits et gestes humains, âges impressionnables,
thèmes vertigineux, délices périssables.
Et le cœur bat devant l’effort, l’ascension,
devant le vaste autel de sa communion.
Épisodes d’un jour, d’un soir, d’une existence,
pages à relier, récit d’une conscience.
Avec ce qu’on évoque irrésistiblement,
cette vie, une lutte, un envol, un serment.
Avec ce qu’on y laisse avec tant d’amertume,
cette vie, un amen, un glas, un lot posthume.
Il est si beau de vivre ! Il fait si bon aimer !
Il est si doux d’avoir quelque chose à chanter !
Peintres et chansonniers, musiciens et poètes,
L’ont su mille fois dire en brillants interprètes.
Frémissants d’altruisme, ils nous ont surpassés
au-dessus des berceaux, devant nos trépassés.
Le don de vivre étant dans « un tout » magnifique,
ils ont rendu pour nous ce merveilleux cantique.
Foi, paix, sincérité, noblesse, acquisition,
art, générosité, amour, satisfaction ;
les heures de la vie ont chacune leur âme,
il suffit simplement d’en posséder la flamme.
Françoise MASSICOTTE-BEAUCHAMP.
Recueilli dans Feuilles d’érable, fleurs de lys,
anthologie de la poésie canadienne-française
établie et présentée par Pierre Cabiac,
Éditions de la diaspora française, 1966.