Sonnet
IMITÉ DE L’ESPAGNOL, DE SAINTE THÉRÈSE
Pour que je t’aime, ô Christ, il faut plus que l’espoir
De goûter de ton ciel les félicités pures ;
La crainte de l’enfer, l’horreur de ses tortures
Ne sauraient me garder au sentier du devoir.
Ce qui m’a fait t’aimer, mon Dieu, c’est de te voir
Cloué sur une croix, couvert de meurtrissures,
C’est ton front couronné d’épines, de blessures,
C’est l’heure, où, dans tes yeux, je lus le désespoir.
C’est ton amour, ô Dieu, qui fait que je t’adore ;
S’il n’était point de ciel, je t’aimerais encore,
Si l’enfer n’était plus, toujours je te craindrais ;
Si tout ce que j’attends, tout ce que j’espérais,
Fuyait, comme un vain songe, aux lueurs de l’aurore,
Ô mon divin Sauveur, encor je t’aimerais !
Hélène MATHEY.
Paru dans L’Année des poètes en 1896.