Tu es poussière…
Tu es poussière, et tu redeviendras poussière,
Dieu en ce jour te le rappelle par son Église,
Et te montre au miroir de cette poignée de poudre,
La vile matière dont Il lui plut de former l’homme.
Dieu te rappelle cela afin de t’humilier,
Et comme ton frêle esquif est sans cesse ballotté
Sur les mers de vaine gloire où le courant t’emporte,
Il t’indique la terre ferme, pour que tu sois sauvé.
Garde ton cœur, vigie ! entends mugir le vent,
Et si la vanité qui souffle gonfle les voiles,
Vois la terre à la proue, ferle-les, jette l’ancre.
Et que tout bois mortel, que tout esquif humain,
S’il cherche le salut, prenne terre aujourd’hui,
Car la terre de ce jour est un port souverain.
Gregório de MATOS.
Recueilli dans La poésie du Brésil, anthologie du XVIe au XXe siècle,
choix, présentation et traduction de Max de Carvalho
en collaboration avec Magali de Carvalho et Françoise Beaucamp,
Éditions Chandeigne, 2012.