Litanie
Mon cœur est blanc comme les pierres des chemins
Et les fleurs du printemps sont toutes dans mes mains.
Les sources de là-haut sont toutes dans mes yeux
Et mon songe embaumé leur rit, délicieux.
Mais l’amour incompris frémit entre mes lèvres
Et les amants quittés me brûlent de leur fièvre.
Suis-je eux ou suis-je moi ? Seigneur, je ne sais plus,
Et je vais redisant les chagrins qu’ils ont tus.
Votre ciel et vos champs, à eux-mêmes pareils,
S’enivrent des beautés d’un unique soleil.
Moi je meurs et revis, tantôt gai, tantôt sombre,
Pensant à vos clartés ou, Seigneur, à leurs ombres,
Devinant tout de tous, ignorant tout de moi,
Et troublé d’on ne sait quel adorable émoi,
Pourtant remis en vous qui fîtes de vos mains
Mon cœur blanc comme sont les pierres des chemins.
Camille MAUCLAIR.
Paru dans Akademos en mars 1909.